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A la maternité des Hôpitaux universitaires de Genève (HUG), 30% des femmes enceintes suivies sont en surpoids. Parmi elles, plus de la moitié sont atteintes d’obésité. Au niveau mondial, on estime même qu’elles seront une sur trois dans ce cas en 2020. Pour tenter d’enrayer – ou en tout cas de prévenir – ce qui est devenu un problème de santé publique, les HUG lancent le programme Contrepoids Maternité, une première en Suisse. Le but? Agir dès la grossesse pour la santé de la mère et de l’enfant. Car l’obésité chez les femmes enceintes entraîne de nombreuses complications et augmente le risque de mortalité, pour la mère comme pour l’enfant. Sans compter le risque d’obésité à venir chez ce dernier. Aujourd’hui, 40% des femmes en âge de procréer ont un indice de masse corporelle (IMC) supérieur à 25 (lire encadré), et cette augmentation se fait en parallèle à l’accroissement de l’obésité chez les moins de 5 ans. D’où l’urgence d’empoigner le problème.

Soigner et prévenir

C’est chose faite aux HUG. Après une évaluation de trois mois, menée entre avril et juin 2016, le constat était sans appel: sur les 1008 patientes ayant accouché durant cette période, 322 étaient en surpoids, dont 98 souffraient d’obésité. Sur ces 322 futures mères, 177 présentaient une pathologie liée à leur poids. Celles-ci risquent de nombreuses complications: diabète, hypertension, pré-éclampsie (une forme particulière d’hypertension), maladie thrombo-embolique (formation de caillots dans le sang), problèmes à l’accouchement - avec un taux de césarienne élevé - risques à l’anesthésie, mortalité. Et les choses ne s’améliorent pas après la délivrance. «Le taux de dépression est plus élevé chez les femmes en surpoids, souligne le professeur Begoña Martinez de Tejada, responsable de l’unité d’obstétrique à haut risque, De plus, comme leur montée de lait est plus tardive, que leurs bébés sont plus gros, et qu’il est donc plus facile de les nourrir avec des biberons que de les allaiter, elles ont tendance à arrêter l’allaitement plus facilement.» Or il est prouvé que l’allaitement contribue à prévenir l’obésité chez le bébé et facilite la perte de poids de la mère.

Autant de complications identifiées par le programme Contrepoids Maternité. C’est un énorme pas en avant, puisque jusque-là la prise en charge spécifique proposée se résumait à une consultation avec l’anesthésiste et éventuellement une diététicienne. Les HUG offrent désormais un suivi personnalisé, de la première visite au post-partum, grâce à une équipe multidisciplinaire d’une dizaine de personnes, composée d’un médecin spécialiste de l’obésité, d’une sage-femme, d’un anesthésiste, d’un obstétricien, d’une conseillère en lactation, d’une pédiatre, d’une diététicienne, d’une physiothérapeute, d’une danse-thérapeute et d’une psychologue spécialisée en thérapie de famille. «La multidisciplinarité de l’équipe permet un partage des informations d’une grande richesse autour de la patiente», ajoute le Dr Nathalie Farpour-Lambert, responsable du programme de soins Contrepoids.

Voir le problème en face

Le premier contact se fait lors de la consultation prénatale. «Nous constatons un réel intérêt de la part de ces patientes. Leur surpoids saute aux yeux, et pourtant on n’en parle pas», regrette le Dr Marine Claver, en charge de la partie obstétrique de la consultation Contrepoids. «Récemment, j’ai reçu une femme qui allait entamer son sixième mois de grossesse avec 24 kilos en plus. Elle me disait qu’elle n’avait pas changé ses habitudes alimentaires et ne comprenait pas ce surpoids. Son mari est ensuite arrivé avec son petit-déjeuner, composé de sodas et de pains au chocolat.

La prise de poids excessive pendant la grossesse peut toucher toutes les femmes. Mêmes celles qui ont un indice de masse corporelle normal au début peuvent atteindre une obésité de grade 2.» D’où l’importance de mettre des mots sur le problème. «En une séance, on constate déjà une prise de conscience et on arrive à freiner la prise de poids, explique le Dr Farpour-Lambert, mais cette amorce de discussion passe aussi par une sensibilisation et une formation du personnel soignant, afin qu’il soit compétent mais non jugeant.» C’est là une attention nouvelle aux besoins spécifiques de ces patientes, souvent fragilisées par leur grossesse et leur surpoids.

Pas de régime

Le but n’est pas de mettre ces futures mères au régime, mais de ralentir leur prise de poids. Il s’agit d’instaurer un suivi et des encouragements au mouvement, à la remise en forme, de mettre en place de nouvelles habitudes alimentaires. Après l’accouchement, un rendez-vous est fixé à l’Hôpital Beau-Séjour, avec le bébé et le papa, pour une consultation dont l’objectif sera - notamment - de faire perdre en un an les kilos excessifs pris durant neuf mois. Des kilos que deux-tiers des femmes gardent à jamais! Or, comme l’explique le Dr Farpour-Lambert, «La prise de poids excessive pendant une grossesse est un facteur de risque pour la suivante. A long terme, ce cumul peut mener à l’obésité, aux maladies cardiovasculaires et au diabète.»

Respecter les besoins, identifier les situations à risque plus tôt, travailler en réseau avec les gynécologues et les médecins de ville, développer des recommandations générales pour l’alimentation, l’activité physique et l’accroissement pondéral durant la grossesse, le programme Contrepoids Maternité, pris en charge par l’assurance de base, répond à une demande croissante. «La grossesse permet ainsi d’empoigner le problème. Nous les encourageons à long terme pour avoir un impact sur leurs deuxième ou troisième maternités. L’idéal serait de perdre du poids avant même l’envie de concevoir un enfant», conclut le Dr Farpour-Lambert. Une prévention pour la future génération.

Déterminer son IMC

L’indice de masse corporelle (IMC) se calcule en divisant le poids par la taille au carré. On parle de surpoids pour un IMC situé entre 25 et 30, et d’obésité pourun IMC au-dessus de 30.

Selon les dernières évidences scientifiques, une femme enceinte avec un IMC…

  • Entre 18.5 et 25, devrait prendre entre 11,5 et 16  kg.
  • Supérieur à 30, devrait prendre entre 5 à 9 kg.
  • Supérieur à 35, devrait prendre entre 2 à 5 kg.
  • Supérieur à 40, devrait prendre 0 kg.

Le programme genevois

Manger mieux Une diététicienne dispense des conseils nutritionnels lors d’une consultation individuelle à la maternité ou avec un groupe éducatif les vendredis matin, à l’Hôpital Beau-Séjour. Des ateliers de cuisine sont prévus dans le restaurant des HUG pour travailler sur les méthodes de cuisson, les graisses à utiliser, les goûts et les textures.

Bouger plus Grossesse n’est pas synonyme d’arrêt du sport. Au contraire, 30 minutes d’activité physique modérée sont recommandées chaque jour. Au programme pour se réconcilier et se réapproprier son corps, des cours d’aquagym ou de danse-mouvement thérapie, remboursés par l’assurance-maladie de base. Les exercices sont adaptés aux besoins de chaque patiente.

Les chiffres de l’OMS

Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le nombre de nourrissons et de jeunes enfants (0 à 5 ans) en surpoids ou obèses dans le monde est passé de 32 millions en 1990 à 42 millions en 2013. Si la tendance actuelle se poursuit, l’OMS estime que ce nombre atteindra 70 millions en 2025.

Le périnée sans tabou

Elle a raison Laysa Issad. C’est quoi cette gêne à évoquer les muscles de l’intime qui pourtant conditionnent notre bien-être? Du coup, la jeune femme a créé une plate-forme qui traite des dysfonctionnements du périnée – à commencer par l’absence de tonicité – et distille des informations pratiques pour y remédier.


©Olivia de Quatrebarbes

Si les articles contenus dans la partie «Blog» sont dûment validés par des professionnels de la santé, l’ambiance du site se veut résolument joyeuse, girly, sans tabou. Mais encore? Conçu autour de quatre axes, incontinence, plaisir sexuel, prolapsus génital (descente d’organes) et maternité, ce portail aide les femmes à comprendre une multitude de mécanismes complexes. Il permet aussi d’échanger sur cette problématique.

Et la conceptrice a eu la bonne idée de recenser les physiothérapeutes et ostéopathes de toute la Suisse romande spécialisés dans le traitement (notamment exercice musculaire) du relâchement périnéal. Dans le shop, enfin, les internautes peuvent accéder aux objets – y compris connectés – favorisant la rééducation du périnée.


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