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Vivre sans frigo… ou presque, l’aventure de Marie Cochard

1 marie cochard accroche haricot

«Le frigo nous rend passifs, note Marie Cochard. Les produits qui y hibernent s’avalent plus qu’ils ne se mâchent.»

© Olivier Cochard

FEMINA Pour quelles raisons devrait-on se débarrasser de notre frigo?
Marie Cochard
Aujourd'hui, on se sert bien souvent du frigo comme d'un placard. On y entasse nombre d'ingrédients qui ne devraient pas s'y trouver: fruits, légumes, café, moutarde, bouteilles d'eau, œufs, confitures… Or, le froid et l'humidité ne sont pas sans effet, notamment, sur les végétaux que nous consommons. La plupart perdent une partie de leurs qualités nutritionnelles et de leur saveur. Qui plus est, cuisiner des produits conservés à température ambiante épargne notre organisme. En effet, notre corps doit fournir un effort incroyable pour digérer des aliments ou des boissons sortant du réfrigérateur.

Y a-t-il eu un déclic qui vous a fait prendre cette décision radicale?
En tant que fervente locavore, je tiens à soutenir autant que possible les petits producteurs qui m'entourent. Aussi, je privilégie les circuits courts aux rayons aseptisés des supermarchés. En ôtant les produits transformés de notre alimentation (soit dit en passant, ils sont trop riches en sel, en sucre, en graisses et autres exhausteurs de goût) et en limitant ma consommation de viande, de poisson et de laitage, le contenu de notre frigo s'est peu à peu réduit comme une peau de chagrin

Pourquoi faire une croix sur le frigo, mais pas sur le congélateur?
Pour éviter tout gaspillage alimentaire, la présence d'un mini congélateur de classe A ++ semble nécessaire, car il permet d'entreposer les restes et de stocker les éventuels surplus du jardin.


© Olivier Cochard

En quoi ne plus avoir de réfrigérateur permet-il de moins gaspiller de nourriture?
Quand on a un frigo, on le remplit au point de ne plus pouvoir le refermer, par peur de manquer. Sauf que stocker la nourriture, c’est inévitablement jeter des produits non consommés. Dans le doute de la «présomption de péremption», nous jetons aujourd’hui pour un oui ou pour un non. Mais, pour être tout à fait honnête, qui, faute de visibilité des produits entreposés, et à son insu, n’a jamais découvert du moisi vert-de-gris duveteux sur un citron oublié au fond du bac à légumes ou des taches rosées dans un pot de crème fraîche abandonné dans la porte du frigo? En ce qui me concerne, je préfère acheter moins et mieux, un peu plus régulièrement, en me rendant au marché, dans un lieu de cueillette, et redonner ainsi de la préciosité aux aliments.

Avez-vous dû renoncer à certains aliments que vous aviez l’habitude de consommer?
Nous avons surtout la sensation de vivre en adéquation avec les saisons. Par exemple, le beurre (bien qu'il se conserve très bien dans un beurrier à eau) est devenu un mets d'hiver. Nous lui préférons l'huile d'olive ou juste de la confiture, par temps caniculaire! (Rires.)

Faut-il avoir beaucoup de temps à disposition pour se lancer dans cette démarche?
Vous parlez de celui après lequel nous courons sans arrêt? Pour ma part, je refuse de perdre du temps à sillonner les rayons d'une grande surface pour y décrypter des étiquettes, à remplir un chariot que je devrais vider dans une armoire à glace, sans omettre l'étape du remplissage du coffre de la voiture. Je préfère le passer à échanger avec des producteurs et des maraîchers, voire à travailler moi-même la terre, à cuisiner et à prendre le temps de vivre en savourant un plat maison avec les miens. Mine de rien, nous avons été soumis aux diktats du «consommer plus». Nous avons subi cette mécanique négative du «acheter, jeter, racheter» en suivant bien les DLC (les fameuses dates limites de consommation dictées par les industriels, ndlr.) et avons constaté les conséquences sur notre environnement et notre santé. Résultat des courses? Le frigo nous rend passifs. Les produits qui y hibernent s’avalent plus qu’ils ne se mâchent. Nos goûts s’appauvrissent, se polissent, se standardisent, au point qu’on en oublierait l’essentiel: le plaisir de cuisiner et de manger.


© Olivier Cochard

Quel conseil donneriez-vous à un débutant qui souhaite réduire le contenu de son réfrigérateur?
L'important, à mon avis, est de retrouver une relation directe avec les aliments. Oui, laitues et endives flétrissent, mais plongées dans un fond d'eau, elles continuent de croître. Et si vous les effeuillez jour à après jour pour les croquer jusqu'au cœur, alors les feuilles n'auront pas le temps de faner!

Vous avez interviewé de nombreuses personnes pour écrire cet ouvrage. Y a-t-il une rencontre qui vous a particulièrement marquée?
Difficile de se lancer un tel défi sans l’expertise et les conseils avisés de ceux que j’ai surnommés mes «éclaireurs éclairés». Aussi ai-je ponctué ce plaidoyer pour des méthodes de conservation plus naturelles d’une galerie de portraits de personnalités rencontrées au fil du temps, qui ont accepté de m’initier à leurs savoir-faire. Chacune m'a marquée à sa manière, néanmoins j'avoue avoir été très émue en observant Macha et sa maman d'origine polonaise confectionner le fameux twarog wiejski (fromage blanc polonais, ndlr.) de leur enfance, dans leur petite cuisine parisienne.


© Olivier Cochard

Qu’est-ce que cette aventure sans frigo a changé dans votre vie et dans celle de votre famille?
J'ai pris conscience qu'à vouloir tout aseptiser, la plupart des aliments que l'on nous propose sont dénaturés et carencés. Si notre aventure sans frigo nécessite une hygiène irréprochable, j'ai aussi découvert l'existence de bonnes bactéries qui facilitent la digestion et protègent notre organisme des infections. Les légumes lacto-fermentés et le kéfir, extrêmement faciles à réaliser, comptent parmi mes fabuleuses découvertes.

On est au cœur de l’été, où entreposez-vous vos sodas et autres bières pour qu’ils soient bien frais?
Il suffit de les immerger dans un seau à glace. Ce que mon mari, grand amateur de petites mousses, a par ailleurs découvert, c’est qu’en saupoudrant généreusement les glaçons de sel, on entraîne une réaction physique qui accélère le refroidissement. La contrainte favorise bien souvent, la créativité!

«Notre aventure sans frigo, ou presque…», Marie Cochard, Ed. Eyrolles. Sortie en librairie le 7 septembre 2017.


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