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Vivre sans règles avant la ménopause, c’est possible

Sans regles avant menopause

D’un point de vue médical, les règles sous contraception hormonale sont tout aussi inutiles que fabriquées. «A l’époque de la mise sur le marché des premières pilules, les produits contenaient de plus hautes doses d’œstrogènes qu’aujourd’hui, ce qui poussa les spécialistes à recommander une pause mensuelle, explique Nicolas Vulliemoz. Cette méthode permettait en outre de recréer un cycle lunaire, ce qui donnait un côté naturel à la chose. Reste qu’en 2019, aucune raison médicale ne justifie cette interruption.»

© Getty Images

De la puberté à la ménopause, les règles rythment inlassablement la vie des femmes. Cette petite musique du corps à la régularité quasi militaire s’avère pourtant souvent contraignante, coûteuse et rarement plaisante. Pourquoi, dès lors, ne pas tout simplement les supprimer? Impossible, rétorquerait un certain bon sens. Pourtant, la chose est parfaitement réalisable pour celles qui prennent la pilule.

«J’ai toujours eu des règles abondantes et longues. Je passais le quart de chaque mois à jongler avec les tampons, parfois avec la cup, c’était un peu une corvée pour moi depuis l’adolescence, raconte Vanessa, 28 ans. En plus, je stressais toujours pour ne pas oublier de reprendre la pilule après le bon nombre de jours d’interruption. Mais il y a deux ans, une amie m’a juste conseillée de faire comme elle, de se passer des règles en prenant la pilule en continu au lieu de faire la fameuse pause. J’ai d’abord cru que c’était une méthode pas franchement orthodoxe et sans doute mauvaise pour la santé, sauf que mon gynécologue a confirmé que c’était possible.»

Des contraceptifs mieux dosés

Effectivement, souligne Nicolas Vulliemoz, responsable de l'Unité de médecine de la fertilité et endocrinologie gynécologique au CHUV, on peut tout à faire prendre une pilule œstroprogestative de manière continue: «On le préconise même régulièrement, en particulier pour les femmes souffrant de douleurs pelviennes chroniques et d’endométriose, mais il est vrai que peu de patientes sont au courant que cette technique existe.»

D’ailleurs, d’un point de vue médical, les règles sous contraception hormonale sont tout aussi inutiles que fabriquées. «A l’époque de la mise sur le marché des premières pilules, les produits contenaient de plus hautes doses d’éthinylestradiol qu’aujourd’hui, ce qui poussa les spécialistes à recommander une pause mensuelle, explique Nicolas Vulliemoz. Cette méthode permettait en outre de recréer un cycle lunaire, ce qui donnait un côté naturel à la chose. Reste qu’en 2019, aucune raison médicale ne justifie cette interruption.»

Fausses menstruations

Roger Valentine Short, éminent professeur australien de biologie reproductive, rapporta ainsi que les deux Américains développeurs de la première pilule, Gregory Pincus et John Rock, souhaitaient voir le contraceptif «mimer la nature pour paraître plus naturel et donc être mieux accepté par les femmes et, surtout, pour ne pas se mettre à dos l’Eglise». D’ailleurs, en adoptant la prise en continu de leur moyen de contraception hormonal, les femmes suppriment des règles qui, de toute façon, n’en étaient pas vraiment.

«Ces menstruations sont en réalité artificielles car, techniquement, il s’agit plutôt de saignements de privation, détaille Isabelle Streuli, médecin adjointe responsable de l'unité de médecine de la reproduction et d'endocrinologie gynécologique aux HUG. Lors du cycle normal, on assiste à l’épaississement de la muqueuse utérine à l’ovulation puis, si l’ovule n’est pas fécondé, à la dégénérescence du corps jaune, à l’origine des règles. Or, avec un contraceptif qui induit l’atrophie de la muqueuse utérine, c’est la chute du progestatif lors de l’interruption qui provoque l’hémorragie.»

Plus de bien-être

Toutefois, les utilisatrices de la pilule ne sont pas les seules concernées, «puisque les adeptes des autres méthodes combinées, comme l’anneau ou le patch, peuvent également opter pour la prise en continu», mentionne Isabelle Streuli. Cela offre le choix à un tiers des femmes suisses de se passer des règles sans inquiétude particulière, puisque les diverses études sur la question ont montré que s’abstenir des sept jours d’interruption n’avait pas d’incidence sur la fertilité lorsqu’on décide, plus tard, l’arrêt de la contraception.

«Un des seuls désagréments pouvant éventuellement survenir avec la prise en continu est le spotting, c’est-à-dire l’apparition de petits saignements irréguliers, constate Nicolas Vulliemoz. Si cela arrive trop souvent, on recommande de faire une pause de quelques jours dans la prise du contraceptif. Toutefois, il s’agit de manifestations bénignes. Eviter les règles via cette technique apporte au final pas mal de commodités pour les patientes».

Voire pas mal de bons points côté santé et bien-être. Dans un article publié en 2006, le médecin français Martin Winkler en faisait déjà la liste: recul des maux de tête chez les femmes migraineuses, division par trois de la fréquence des symptômes prémenstruels, dont les douleurs au bas-ventre et les crampes, réduction des anémies par la perte en fer consécutive aux règles abondantes…

Les règles font-elles une femme?

Et ces bénéfices durent puisque, selon des chiffres américains, une femme est programmée pour avoir environ 450 menstruations au cours de son existence. Pourtant, ces éléments positifs ne suffisent parfois pas à donner l’envie de s’en affranchir. Loredana, 31 ans, confie justement que ce rythme non naturel a presque quelque chose de perturbant:

«Je ne dis pas que les règles comptent parmi les moments les plus agréables de la vie des femmes, mais je trouverais quand même assez bizarre de ne plus en avoir à mon âge. C’est comme un rendez-vous intime depuis l’enfance, une manifestation parmi d’autres de ma féminité. Au fond, avoir ses règles a quasi quelque chose de rassurant.»

D’autres types de réticences peuvent aussi freiner l’adoption de la prise en continu d’un contraceptif hormonal: les effets secondaires possibles et la mauvaise réputation de certains produits qui ont fait l’actu ces dernières années, dont l’augmentation des risques de thrombose provoqués par les pilules de dernière génération. Des éléments à prendre en compte si on envisage sérieusement de dire bye bye à ses menstruations pour un moment.

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