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Je passe le Nouvel-An seul: et alors?

Je passe reveillon nouvel an seul et alors

«Ce n’est pas facile d’assumer face aux autres qu’on ne va rien faire. C’est accepter d’être différent et c’est assez mal compris par les gens. Il faut pouvoir être seul et bien avec soi-même pour le faire.»

© Getty

Bastringue à tout prix ou soirée comme une autre? La définition du Nouvel-An n’est pas la même pour tout le monde. Certains rebelles poussent même l’exercice jusqu’à choisir de passer le cap tout seul. Parce qu’ils ne supportent plus la pression qui doit faire de la fête un succès total, forcément. Parce qu’ils considèrent qu’être seul c’est aussi bien, voire mieux, que de fêter mal accompagné. Parce qu’ils ont juste envie de passer sous les radars ce soir-là. Peu importent les motivations, quand vient la question: «Qu’est-ce que tu as prévu pour Nouvel-An?» ils ont une parade.

Et c’est indispensable pour échapper à la pression de l’entourage qui ne peut supporter l’idée de savoir qu’un des siens passe le réveillon tout seul, en ermite sur son canapé. Une pression psychologique pas si simple à chasser, explique Daniel Alhadeff, psychologue et psychothérapeute à Genève:

«Ce n’est pas facile d’assumer face aux autres qu’on ne va rien faire. C’est accepter d’être différent et c’est assez mal compris par les gens. Il faut pouvoir être seul et bien avec soi-même pour le faire.»

Car cette manière de se mettre en marge du groupe passe mal en général. «C’est comme si on devait conquérir le droit à vivre ce moment seul, car la norme dominante veut que ce soit un moment de sociabilité, valorisé depuis longtemps. Il faut d’abord apprendre à s’en émanciper, décode Olivier Glassey, sociologue spécialiste du numérique à l’Université de Lausanne, et il faut prendre en compte la réaction de tout un chacun face à celui qui a fait ce choix de se retrouver seul, car c’est plutôt compris par l’entourage comme quelque chose de subi.» Ce qui explique en partie pourquoi on insiste tant pour inviter ceux qui osent affirmer qu’ils ne vont rien faire de spécial ce soir-là. C’est aussi ce qui pousse les frondeurs à développer des stratégies d’évitement.

Le 31 est aux amis ce que la Saint-Valentin est aux amoureux

Peu importe si vous êtes seul les autres soirs de l’année, le 31 ce n’est pas concevable.

«Dire qu’on a d’autres plans pas encore totalement aboutis, c’est une stratégie qui permet d’arrêter de se justifier, ajoute Olivier Glassey. Ce n’est pas parce que c’est le moment convenu à passer entre amis, un peu comme la Saint-Valentin pour les amoureux, qu’on doit s’y sentir obligé. Ça devient justement quelque chose à éviter.»

Toutefois, refuser une invitation d’amis pour le Nouvel-An n’est pas si évident, souligne Daniel Alhadeff: «Une réponse négative, c’est souvent malvenu, mal vécu. Si on veut être seul, ce n’est pas parce qu’on ne veut pas être avec ces amis en particulier et il faut pouvoir le leur expliquer.» Même si on ne devrait pas avoir à le faire, dans le fond. Il faut donc savoir se montrer diplomate si l’interlocuteur en mal de cotillons est insistant et s’autoriser à lui mentir en prétendant avoir quelque chose de prévu si vraiment il ne veut pas entendre le «non merci». Histoire de sauver la face…

Témoignages

Le secret espoir du plan de dernière minute

Viviane, 46 ans

«J’ai vraiment l’impression d’avoir la scoumoune du 31 décembre. Je sors beaucoup toute l’année et je ne me mets pas spécialement de pression pour ce soir-là, mais quoi que je fasse, c’est un fiasco. Il m’est tout arrivé lors des réveillons, le moins pire étant simplement de m’ennuyer. Après des années de mauvais plans, j’ai essayé l’option plateau- télé-solo chez moi, mais je me suis sentie bien seule et franchement déprimée, sachant que la plupart de mes amis passaient la soirée en couple, en famille ou en station. Je pense qu’inconsciemment, j’espère un miracle de Noël, comme dans les films, et qu’une invitation de dernière minute sauvera mon réveillon!»

J'ai besoin de me retrouver

Gaëlle, 39 ans

«C’est le premier Nouvel-An que j’ai choisi de passer seule. Peut-être parce que c’est une année particulière, vu que je viens de me séparer. Toutefois, je ne le fais pas parce que je ne veux voir personne, je le fais parce que j’ai besoin et envie de me retrouver ce soir-là. C’est un cap important pour moi, et je veux pouvoir faire mon petit bilan tranquille, sans pression, sans avoir les yeux rivés sur mon téléphone en attendant les messages de bonne année ou en regardant ce que postent mes amis sur Instagram. C’est une de mes amies qui me racontait combien elle avait apprécié l’expérience, du coup je tente. Pour l’instant, je n’en ai parlé qu’à une copine, pour qui c’est impensable de ne pas faire un repas festif entre amis ce soir-là. Elle croit que je fais une déprime et me tanne chaque jour, depuis, pour que je revienne sur mon choix. Je n’ai pas osé le dire à mes parents, c’est quand même un comble, non? J’ai trouvé un super plan, dans un chalet cosy prêté par une connaissance. Et le meilleur dans tout ça, c’est que le 1er je serai seule sur les pistes, sans gueule de bois!»

C'est un soir comme un autre

Geoffrey, 37 ans

«Pourquoi se stresser à vouloir organiser LA soirée de l’année juste à cette date parce que c’est ce qu’on est censé faire? Je suis plutôt solitaire dans l’âme, donc cette pression pile ce soir-là a plutôt tendance à couper chez moi toute envie de faire la noce. C’est un soir comme un autre et ça n’a jamais été un traumatisme de le passer seul chez moi. Je crois que ce qui me fatigue le plus, ce sont les gens qui n’acceptent pas mon choix. Ce n’est pour eux pas tolérable de rester seul devant sa série Netflix préférée toute la nuit au lieu de lever des verres pour trinquer. En plus, et je ne sais pas si c’est en réaction, mais bien souvent je m’endors avant minuit ce soir-là.»

J'ai instauré mon petit rituel

Magali, 48 ans

«Ça fait maintenant trois Nouvel-An que je passe toute seule comme une grande. Et j’y ai survécu! Ce qui n’était pas gagné au début, j’avoue, tant l’annonce de mon choix provoquait limite de la pitié dans les yeux de mon entourage. La première année, quelques jours avant, je me suis un peu ravisée en disant finalement aux gens que j’avais un truc prévu, mais en restant très évasive. C’était faux, bien sûr.

Le soir de mon premier Nouvel-An en solitaire, je me suis donc terrée chez moi, lumières éteintes, téléphone sur mode avion, pour faire croire que je n’étais pas là, pas joignable car en train de faire la bringue je ne sais où. En réalité, j’étais sur mon canapé avec un verre de vin rouge italien, bougies allumées, devant un bon film.

Depuis, j’ai appris à dompter ma presque culpabilité à préférer passer ce cap seule plutôt que dans une fête où je me forcerais à m’amuser. Je prends plaisir à organiser ce petit rituel: je vais chez le coiffeur, je m’achète une tenue – confortable, pas à paillettes – et je me fais une playlist spéciale avec des morceaux en écho à l’année écoulée que j’écoute en me cuisinant un petit plat. Un pied de nez à tous ceux qui pensaient que je n’y arriverais jamais, car j’ai toujours été une fêtarde. Mais plus ce soir-là. J’ai même fait des émules autour de moi.»

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