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L'édito de Julien Pidoux: «Marions-nous!»

Edito Julien Pidoux Marions nous

«L’année prochaine, nous fêterons nos vingt ans de relation. Oui, quand nos regards se sont croisés ce fameux soir, les apps de rencontre n’existaient pas encore, Facebook non plus. Se moquer des mecs efféminés ou faire des blagues sur les pédés était monnaie courante. Vingt ans plus tard, certaines choses ont changé, et nous aimerions nous (re)marier. En Suisse cette fois.» - Julien Pidoux

© YVAIN GENEVAY

Franchement, quand nos regards se sont croisés dans cette boîte lausannoise, ni lui ni moi n’aurions pu imaginer où cet instant nous entraînerait.

Bon, tout a commencé de manière assez classique, un coup de foudre, les amis qui te disent «vas-y, appelle-le, il n’attend que ça», les papillons dans le ventre. Les trucs classiques. Puis le coup de foudre a évolué. On a grandi ensemble, on a appris à se connaître l’un l’autre en même temps que l’on vieillissait chacun de notre côté, que l’on se construisait, que l’on terminait nos études, que l’on apprenait un métier, que l’on en changeait. C’est drôle, parce que je ne suis plus le jeune homme de 21 ans que j’étais quand je l’ai rencontré. Pareil de son côté. Mais malgré tout, on a tenu. Nos projets, nos passions – mon yoga, son talent culinaire ou son amour de la nature –, nos rêves, nos moments difficiles nous ont soutenus, soudés.

Le pas du mariage

Finalement, en 2018, nous avons décidé de faire le pas. De célébrer notre amour. De nous marier. Mais nous voulions un vrai mariage. Le même que les couples hétérosexuels. Que mes parents, que mes amis, que mes collègues et mes voisins. Simplement. Je voulais pouvoir dire «mon mari» en parlant de lui, et non un sinistre «mon partenaire enregistré».

Ah, le partenariat enregistré, cette institution intermédiaire, ce «mariage au rabais», compromis bien suisse qui, au final, n’aura pas satisfait grand monde, qui a même retardé le débat sur le mariage pour tous dans notre pays.

Nous voulions un mariage, avec la même charge symbolique, les mêmes droits, les mêmes devoirs. Mais ça, notre pays nous l’interdisait. Parce qu’en Suisse, le mariage n’est toujours pas une institution universelle, malgré l’article 14 de notre Constitution qui proclame que «le droit au mariage et à la famille est garanti».

Alors nous sommes allés en Californie, à San Francisco, berceau de pas mal de droits civiques, une ville que nous avions appris à aimer. Et au City Hall de San Francisco, nous sommes allés au même guichet que les couples hétéros, remplir les mêmes formulaires de mariage. Mes parents sont venus, une vingtaine d’amis ont fait le déplacement. Nous avons fait une fête au bord de l’océan. Nous sommes repartis en Europe avec notre beau certificat de mariage. Que l’Etat civil helvétique s’est empressé de retranscrire en partenariat enregistré, mais sans oublier de nous féliciter pour notre union. Mais on s’en fichait, on était mariés.

L’année prochaine, nous fêterons nos vingt ans de relation. Oui, quand nos regards se sont croisés ce fameux soir, les apps de rencontre n’existaient pas encore, Facebook non plus. Se moquer des mecs efféminés ou faire des blagues sur les pédés était monnaie courante. Vingt ans plus tard, certaines choses ont changé, et nous aimerions nous (re)marier. En Suisse cette fois. Avec une fête en Lavaux, peut-être. Avec un ou une pétabosson qui nous posera la fameuse question. Enfin.

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