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Charge mentale

L'édito de Sonia Arnal: déniaisons le réel

Edito sonia arnal redactrice cheffe

En plus, le concept est déclinable à l’envi: on peut souffrir de déni de dépression, de déni de syndrome post-traumatique, c’est une idée qui a du potentiel.

© Ludovic Andral

Je parcourais un journal en ligne quand un titre a attiré mon œil: «Etes-vous en déni de burn-out?» J’avais évidemment déjà lu: «Etes-vous en burn-out?» avec des questions tellement générales qu’aucun membre honnête des masses laborieuses ne peut répondre non tous les jours en son âme et conscience (genre: «Manquez-vous de motivation pour aller travailler?»). Le risque de s’auto-diagnostiquer abusivement en burn-out n’était déjà pas mince, mais là, c’est l’art de se victimiser élevé au carré.

Non, parce que si tu n’es pas victime d’une maladie (ou d’un syndrome, de préférence, c’est plus difficile à réfuter), d’un pervers narcissique ou de l’inique société qui est la nôtre aujourd’hui, tu n’es personne. Donc je trouve sympa d’avoir inventé cette pathologie pour ceux qui n’arrivaient pas à se caser dans une persécution ou une atteinte officielle.

En plus, le concept est déclinable à l’envi: on peut souffrir de déni de dépression, de déni de syndrome post-traumatique, c’est une idée qui a du potentiel.

Burn-out bis

Droit derrière cet article, qui m’avait quand même laissée pantoise, je suis tombée sur: «Halte à la charge mentale écolo!» La charge mentale, pour ceux d’entre vous qui ont vécu confinés dans une grotte depuis bien avant que M. Berset nous demande à tous de faire pareil, c’est le nouveau terme pour difficultés à concilier vie professionnelle et vie familiale. L’idée, en gros, c’est que ce sont les mamans qui gèrent les questions du type: qui sera à 15 h 45 à la sortie de l’école pour récupérer Clément et le conduire à son cours de piano, sachant que j’ai séance à la même heure et que son père est ce jour-là à Berne? Et que c’est très fatigant. Comme avant… mais avec ce changement de vocable.

Désormais on est victime de la charge mentale et il existe, forcément, face à cette victime, un ou des bourreaux responsables, voire coupables (le père est une bonne cible, l’Etat et ses structures défaillantes est pas mal en plan B).

Donc, l’article relatait l’épuisement de mères de famille qui portent seules à la maison le poids de sauver la planète en recyclant les déchets et en cuisinant bio.

Elles ne peuvent même plus déléguer les courses, parce que leur âne inculte de conjoint achète des rouleaux de cellophane, des haricots industriels et du dentifrice en tube (de plastique). Car oui, il n’y a qu’elles qui savent et qui font bien. Ça m’a tellement sciée que je crois que je vais aller voir mon généraliste pour essayer de me faire mettre en déni de réalité.

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