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L'édito de Sonia Arnal: Poussière et bibliomanie

Arnal Sonia Edito 19 2

Même la charmante dame au guichet avait la moitié de mon âge, c’est vous dire.

© Ludovic Andral

Il y a des choses qu’il ne faudrait plus faire. L’autre jour, par exemple, je suis retournée emprunter des livres à la BCUL, la Bibliothèque cantonale universitaire de Lausanne – en tout cas, c’est comme ça qu’elle s’appelait quand j’étais au gymnase, tout près, et plus tard à l’Uni. Ça devait bien faire vingt ans que je n’y avais plus mis les pieds. Funeste erreur.

J’ouvre la porte, donc, et je m’attends, comme autrefois, à voir des gens exactement comme moi. Mais pas du tout. Je ne vois que des gamins.

Que font dans cet antre du savoir ces gens même pas secs derrière les oreilles, qui doivent à peine savoir lire?

Dans le genre confrontation avec le principe de réalité, ça a été violent. Non, ce ne sont pas vraiment des bébés, ce sont des étudiants, normaux, d’une vingtaine d’années donc, c’est juste moi qui suis devenue vieille. Voilà, c’est officiel. Même la charmante dame au guichet avait la moitié de mon âge, c’est vous dire.

Retourner un emprunt

Parce que longtemps, il n’y a eu qu’un modèle de bibliothécaire, une dame avec un chignon strié de cheveux gris, un col roulé en laine jaune moutarde et des lunettes posées sur le bout du nez, avec une chaîne pour les retenir quand elle les laissait pendre autour du cou. La bibliothécaire était sévère et vous regardait d’un air réprobateur quand vous aviez du retard pour retourner un emprunt (nous, on disait «rendre un livre», mais la bibliothécaire ne parlait pas comme nous); elle n’hésitait pas à empocher son dû, soit l’amende de 50 centimes par ouvrage (les bibliothécaires ne disent pas «livre», non plus). En tout cas celles de la bibliothèque municipale de mon quartier étaient toutes comme ça. Mais elles étaient justes, aussi. Avant la fermeture estivale, elles nous laissaient emprunter plus de bouquins pour qu’on puisse tenir quatre semaines.

Quand j’étais à l’école primaire, j’avais fait de ce lieu une annexe de ma chambre. J’y passais facile deux heures par jour à lire tout ce qui me tombait sous la main. On avait une petite pochette à notre nom à la réception et les dames glissaient dedans la fiche de chaque livre sorti. Oui, c’était avant qu’on informatise tout ça. Après l’épisode de la BCU, j’hésite à entrer pour voir comment c’est devenu, une bibliothèque municipale, et à quoi ressemble une bibliothécaire aujourd’hui. Mais je crois que je vais attendre la retraite, comme ça mon grand âge sera chose universellement reconnue et ne sera plus une surprise, même pour moi.

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