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On était tout simplement déchaînées! Ce 19 mai, lorsque nous sommes devenues championnes de Suisse avec le Servette FC Chênois féminin, est désormais le plus beau jour de ma vie! On avait tout de même encore du mal à y croire, sur le moment. Ce n’est que quelques jours plus tard, lorsque nous avons reçu la coupe et les médailles, que c’est devenu réel.

On peut dire que ce moment a couronné ma passion pour le foot. A 8 ans, je jouais déjà à la récré avec mes copines et mes copains de classe. On était tous amis et ça ne semblait bizarre à personne de mélanger filles et garçons.

A Echandens, il y avait un terrain, un ballon, et la passion est venue tout naturellement. Très vite, j’ai eu envie d’en faire toujours plus.

Je pratiquais déjà les agrès et les entraîneurs voulaient que j’aille plus loin, mais j’ai demandé à ma maman de m’inscrire plutôt dans un club de foot. C’est ainsi que j’ai commencé à celui du village. Ils jouaient depuis plus longtemps que moi et, parfois, je ne touchais même pas le ballon. Je n’avais clairement pas le niveau et, pour la première fois, j’ai entendu des clichés dépréciatifs sur les filles dans le jeu. C’était dur mais, soutenue par ma maman, je me suis accrochée. A la mi-saison, je suis passée dans un niveau qui me correspondait mieux et j’ai retrouvé des amis. Du coup, le plaisir de jouer est revenu.

Apprendre et progresser

Vers 11 ans, nous avons déménagé à Lonay et il y avait désormais une autre fille dans l’équipe. Ça faisait du bien, on pouvait se serrer les coudes. Nous devions nous changer dans le vestiaire des arbitres ou dans celui des garçons, mais avant eux. A deux, c’était quand même mieux que d’être seule et un peu perdue dans ces locaux vides.

Ce qui me plaisait, à l’époque déjà, c’était d’apprendre, de progresser au fur et à mesure de mon développement physique, d’être meilleure en dribble, en vitesse. De plus, dès 12 ou 13 ans, je suis passée dans la sélection féminine vaudoise, en parallèle de mon club. On jouait en tournois contre des filles d’autres cantons.

A l’époque, on n’entendait pas beaucoup parler de foot féminin et on ne le voyait jamais à la télé. Du coup, nous n’avions pas vraiment de modèles. Il y avait bien le FC Yverdon féminin, qui était le seul club de Suisse romande à jouer en LNA, mais nous ne les croisions pas vraiment.

Du coup, sans être une groupie absolue, j’admirais le jeu de Ronaldo, d’Ibrahimovic ou de Modrić. Et puis, en général, j’aimais l’esprit du Real Madrid, qui avait gagné la Ligue des champions et était sans doute le meilleur club du monde. On sent la passion en eux lorsqu’ils sont sur le terrain, qu’ils donnent tout pour le club, à 200%. C’est quelque chose qui me parle.

Dans le grand bain

Je joue au milieu du terrain, comme Modrić. Mon objectif, c’est d’être calme, de lire le jeu et de mettre de bons ballons devant. J’aime ce rôle de distributrice, de créatrice de jeu, être celle qui peut faire basculer le match si je fais la bonne passe au bon moment. Du coup, je n’ai pas eu de période de rejet comme on peut en avoir à l’adolescence. En fait, je n’attendais que ça: terminer les cours et partir à l’entraînement. Jusqu’à 15 ans, je jouais dans une équipe de garçons en plus de la sélection vaudoise.

Ce fut ensuite le passage dans le championnat suisse. A Yverdon d’abord, puis, en 2019, j’ai commencé à m’entraîner au Servette, qui venait d’accéder à la LNA. Pour leur première année, elles ont fini 4e du classement! Le club est jeune et met vraiment le paquet pour réussir, recrutant d’assez grands noms du foot suisse. Je m’entraînais avec la première équipe et c’était impressionnant. J’ai vraiment fait le saut dans le grand bain, cette année-là. C’était un peu effrayant, mais les filles m’ont bien accueillie.

La saison dernière, nous avons bien commencé, mais le Covid a tout arrêté et ce fut une année blanche. Nous menions au classement et nous avons vécu ça comme une injustice.

Du coup, en 2021, nous voulions gagner et prouver qu’il n’y avait pas que la Suisse allemande dans le foot féminin. Et puis, c’était la dernière saison à ce niveau pour beaucoup de filles, et gagner leur tenait vraiment à cœur. Enfin, ce sont aussi des amies et on a véritablement formé une équipe incroyable. Jeunes et plus expérimentées ont appris à se connaître, à s’apprécier.

Bien sûr, c’est en grande partie grâce à mes parents que je suis là. Ils ont été constamment présents au bord du terrain, lors des matches ou des entraînements, pour me convoyer en voiture ou pour me soutenir lors des défaites et des déconvenues… Je leur dois beaucoup. Mais je ne m’arrête par là. Désormais, l’objectif c’est de remporter la Coupe de Suisse et de briller en Ligue des champions pour notre deuxième participation. Un conseil pour une fillette de 8 ans qui voudrait commencer le foot? Si c’est ce que tu aimes, vas-y! Ça va être dur, parfois, mais ne lâche pas.

Il faut accepter de perdre

«Ce qui m’a toujours fait avancer, c’est le plaisir de jouer. Heureusement, car avec le Team Vaud féminin, nous étions toujours derrière. Nous gagnions peut-être un ou deux matches par saison. Mes parents m’aidaient beaucoup dans ces moments-là. Mais avec Servette, même avec les moins de 17 ans, on pouvait gagner. Et pas mal de matches encore! C’est comme si la culture de la gagne était venue instantanément. Ensuite, en Ligue nationale A, c’est encore un autre niveau. En décembre, même si le championnat avait été arrêté, nous avons joué la Ligue des champions. Les matches contre les filles de l’Atlético Madrid ont été un nouveau bain de modestie pour moi. Ce sont des professionnelles, alors que nous avons toutes un travail et des études à côté. Ça se sent très fort sur le terrain et, quelque part, c’était vraiment incroyable!»

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