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Cet été, on mise sur des crèmes solaires qui protègent les coraux

Un nouveau logo fleurit cette année sur les tubes de crèmes solaires. Il montre un brin de corail, indiquant que le produit est reef safe, ou reef friendly, c’est-à-dire ne nuisant pas au corail. Cette espèce animale qui vit en colonie est en effet gravement menacée. A Hawaï, au Mexique, en Floride ou encore aux Palaos, en Océanie, des mesures ont été prises pour freiner cette disparition et les filtres chimiques, soupçonnés de nuire à l’environnement (notamment l’oxybenzone et l’octocrinate), ont été bannis des plages. Ce geste sauvera-t-il les océans et les écrans minéraux sont-ils vraiment la solution? La question est aussi épineuse que ces magnifiques récifs sous-marins.

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Crème solaire toucher sec, visage, haute protection, SPF 30, Clarins, env. 35 fr. les 50 ml.

© Corinne Sporrer
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Waterlover Sun Mist, brume solaire invisible, SPF 30, Biotherm, env. 48 fr. les 200 ml.

© Corinne Sporrer
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Fluide Sport très haute protection, SPF 50, Eau Thermale Avène, env. 29 fr. les 100 ml.

© Corinne Sporrer

C’est un fait, le corail se meurt. Ce petit polype vit en symbiose avec une algue, la zooxanthelle, qui lui donne sa couleur et, surtout, sa nourriture. Quand il est soumis à un stress, il ne la reconnaît plus et l’expulse, laissant apparaître son exosquelette blanc. Classée au Patrimoine mondial de l’Unesco, la Grande Barrière, au large de l’Australie, a connu quatre épisodes de blanchissement massif (1998, 2002, 2016 et 2017) et perdu près de la moitié de sa surface en 30 ans. Selon le dernier rapport du GIEC, elle aura disparu à 99% d’ici à la fin du siècle. Une catastrophe, car les massifs coralliens forment un écosystème abritant 25% de la vie marine de notre planète.

Si les produits solaires sont soupçonnés d’accentuer la mortalité des coraux, il n’existe à ce jour pas de preuves scientifiques suffisantes. Spécialiste des écosystèmes côtiers coralliens, le Centre scientifique de Monaco a mis au point un protocole de recherche pour mesurer l’impact des filtres UV sur les coraux en partenariat avec le département recherche et innovation de L’Oréal. L’expérience a montré que les filtres solaires chimiques testés ne nuisaient pas à la photosynthèse des coraux, contrairement à certains filtres minéraux.

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Huile solaire sublimatrice, SPF 30, Caudalie, env. 31 fr. les 150 ml.

© Corinne Sporrer
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Mineral Sunscreen Spray SPF 30, parfum Tropical Coconut, végane et bio, Coola, env. 50 fr. les 236 ml.

© Corinne Sporrer
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Spray solaire visage et corps bio SPF 30, Laboratoires de Biarritz, env. 28 fr. les 125 ml (Sunstore et magasins bios).

© Corinne Sporrer

Coauteur de l’étude, le Pr Denis Allemand précise cependant: «Certains cocktails de molécules sont certainement nocifs. Il est nécessaire de poursuivre les tests, maintenant que nous avons une méthodologie. Il est également nécessaire de tester ces molécules sur d’autres paramètres biologiques, tout en soulignant qu’on ne peut pas se passer de crème solaire. Le problème est plus global. Le corail souffre énormément du réchauffement climatique, mais aussi de la surpêche et des substances toxiques déversées dans la mer par le lessivage des terres agricoles.»

Un point de vue que partage Laetitia Hédouin, docteur en océanologie biologique au Centre de recherche insulaire et observatoire de l’environnement, à Moorea, en Polynésie. «Le réchauffement climatique a des effets bien plus néfastes sur les coraux que les crèmes solaires. En quelques mois, on peut perdre 50% des coraux, alors qu’avec les solaires, de telles mortalités in situ n’ont jamais été démontrées. Ces produits contiennent des filtres minéraux ou organiques, des conservateurs, et c’est ce mélange de molécules qui est néfaste pour les coraux, pour la symbiose, mais aussi pour le développement, engendrant des malformations sur les embryons.»

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Crème très haute protection, SPF 50 +, A-Derma, 33 fr. les 40 ml.

© Corinne Sporrer
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Crème solaire sensitive SPF 30, bio et végane, Lavera, env. 12 fr. les 100 ml.

© Corinne Sporrer
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Gel solaire transparent visage SPF 30, bio et végane, UVBio, env. 25 fr. les 30 ml. (Sunstore et soleil-vie.com)

© Corinne Sporrer

Les efforts des marques pour diminuer l’impact sur l’environnement restent pourtant louables. Elles s’adaptent à la législation, voire l’anticipent pour répondre à la demande du consommateur, «qui a toujours une longueur d’avance sur le législateur», constate Nathalie Issachar, directrice de la recherche Clarins: «Il y a beaucoup de controverses autour des filtres, potentiels perturbateurs endocriniens, ou du danger des nanoparticules, mais en l’état actuel de nos connaissances, ces effets ne sont pas prouvés scientifiquement. Ces technologies ne sont cependant pas si vieilles et les données sont en train d’être générées.» La marque a justement mené ses propres tests avec des ingrédients et des mélanges d’ingrédients, puis a sélectionné la combinaison la moins nocive pour sa nouvelle ligne reef friendly.

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River Rascal, gel solaire sans eau pour enfants, SPF 50, Skinnies, 44 fr. les 100 ml (skinnies.ch)

© Corinne Sporrer
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Protect, protection solaire naturelle pour le visage, SPF 25, Zilooa, env. 29 fr. les 40 ml (points de vente et e-boutique escales.world).

© Corinne Sporrer

Même les filtres minéraux ne sont pas irréprochables. Docteur en biologie, Soraya El Kadiri-Jan a lancé, il y a 7 ans déjà, une crème solaire aqua life friendly et Swiss made. Elle n’utilise qu’un seul filtre, minéral, le dioxyde de titane, qui offre une protection de 25, jugée suffisante. «Il y a un souci de vulgarisation. Les gens aujourd’hui veulent un SPF 50 pour se sentir protégés. Or, pour l’obtenir avec un écran minéral, il faut de l’oxyde de zinc, qui est biocide dans l’eau, il tue les algues. On l’utilise d’ailleurs pour laver les bateaux! La différence entre les SPF 25 et 50 est d’ailleurs minime, 95 contre 98% de protection. On est donc suffisamment protégé avec du 25.» La Neuchâteloise a élaboré un produit simple, avec un seul indice de protection, qu’elle a fait tester (avec succès) par Laetitia Hédouin, à Moorea. Elle avoue également continuer les recherches, car la crème idéale n’existe pas encore. En attendant, les recommandations d’usage sont toujours les mêmes: éviter les heures chaudes, se protéger avec un chapeau et des vêtements, en lycra si l’on va dans l’eau.

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