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Depuis l’an dernier, le Montreux Palace a changé d’adresse: de «Grand-Rue 100», elle est devenue «avenue Claude Nobs 2». Presque logique pour un établissement dont l’histoire est intimement liée à celle du Montreux Jazz Festival – et de son créateur – depuis quarante-huit ans. BB King, Ella Fitzgerald, Miles Davis, Sting, Alicia Keys: les artistes se sont succédé au fil des ans dans ce qui est devenu leur stamm, à un jet de gratte du Centre de Congrès. Dormir – ou pas – dans un écrin centenaire, se lever quasi les pieds dans le Léman, traverser l’avenue à pied pour aller faire son show sur scène: un luxe et une décontraction toute montreusienne qui ont fait la réputation du Palace. Chaque année début juillet, le lieu qui voit plutôt défiler des hôtes en costard cravate se métamorphose. A la réception, les chevelus de Motörhead, au piano, Prince qui fait ses gammes, dans les couloirs, Randy Crawford qui vocalise. Ambiance tout feu, tout jazz.

De l’ambiance, il y en a toujours eu, toutes époques confondues, bien avant la création du fameux festival. Grâce au défilé des princes russes, des maharajas, des aristocrates européens… et de leurs femmes. Il faut dire qu’au début du XXe siècle, on ne s’offrait pas une escapade sur la Riviera. Les séjours étaient longs, et le temps parfois aussi. Fort de ces considérations et profitant du boom de la construction hôtelière qui prévalait dans la région entre 1890 et 1914, l’architecte Eugène Jost construit le Montreux Palace en dix-huit mois à peine et l’hôtel ouvre ses portes le 19 mars 1906. L’architecte parachève ainsi le projet d’Alexandre Emery et Ami Chessex, qui avaient racheté en 1881 l’Hôtel du Cygne (aujourd’hui une aile du Palace) et fondé la Société du Montreux Palace et du Cygne. Les salles Art nouveau et Néobaroque y accueillent des fêtes costumées, des concerts et des nuits vénitiennes. Dans les couloirs – construits larges pour permettre aux dernières femmes en crinolines de se croiser – on peut admirer les belles se rendre aux bals. La journée, pendant que Madame joue au bridge, Monsieur fait sa partie de billard ou fume son cigare. Un Pavillon des sports (aujourd’hui le Petit Palais) avec salle de patins à roulettes, stand de tir et salon de thé est aussi construit en 1911 pour élargir l’offre et faire venir une clientèle toujours plus exigeante. Tout est fait pour entretenir, divertir, chouchouter.

Port d’attache

De cette époque, reste encore le mobilier, soigneusement restauré. Et l’architecture Belle époque, tout en faste. Seule l’argenterie d’origine des services à thé et café est encore utilisée au petit-déjeuner. Vestiges surannés, de vieilles malles de voyage oubliées par des clients sont exposées en vitrine. L’imagination s’emballe devant une trousse de toilettes en cuir remplie de flacons de cristal et d’une brosse en argent. Les caves du Palace conservent amoureusement ces trésors d’antan. Certaines figures emblématiques, à l’instar de Carlo Barozzi, concierge pendant vingt-cinq ans et désormais à la retraite, détiennent encore quelques anecdotes qui témoignent de l’esprit du lieu. Comme l’histoire de cette cliente américaine de Boston, offusquée le jour où le barman lui servit son cocktail avec une autre marque de gin qu’à l’habitude. Il faut dire que cette cliente avait 7 ans à l’ouverture du Palace, y avait passé toutes ses vacances et avait décidé d’y résider à l’année dès la cinquantaine. Car au Palace, tout est fait pour qu’on se sente comme à la maison. Et certains succombent à la tentation de ne plus en repartir. Ainsi, l’écrivain Vladimir Nabokov y a élu domicile pendant seize ans (lire encadré ci-dessous). Freddie Mercury, chanteur du groupe Queen, et Michael Jackson y ont posé leurs valises le temps d’enregistrer leurs albums respectifs, mais de leur passage ne restent que les notes essaimées en boucle autour du monde: «A Kind of Magic», «Jazz», «Blood on the Dance Floor… Toute anecdote de star est tue, l’intimité protégée. Au Palace, le silence est d’or.

Si les héritages du passé y sont valorisés, le Palace n’est pas resté figé. Au contraire. Entre transformation et agrandissement de l’hôtel, le Montreux Jazz Café a ouvert ses portes le 26 juin 2014, décoré avec des objets du chalet de feu Claude Nobs. En septembre, ce sera au tour du Funky Claude’s Bar de remplacer le Harry’s. Entre son jazz et son palace, Montreux a le cœur qui fait boum.

Le montreux palace en chiffres

  • 1906 Année de construction.
  • 236 chambres.
  • 1,5 tonnes: poids du lustre de la salle des fêtes.
  • 38 340 Œufs utilisés par an pour le petit-déjeuner.
  • 1200 personnes: capacité d’accueil d’une des quinze salles de conférences.
  • 6000 fr. Nuit la plus chère (dans la suite Quincy Jones).

Il y a posé ses valises

Il ne devait être que de passage sur la Riviera lémanique. Le romancier d’origine russe Vladimir Nabokov restera finalement seize ans dans la région, en s’installant avec sa femme Véra dans une suite de quatre pièces du Montreux Palace. De 1961 jusqu’à sa mort en 1977, l’auteur de «Lolita» jouira pleinement du calme, de la beauté et du confort du lieu.

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